Les partis politiques d’opposition au Cameroun sont à nouveau engagés dans un processus complexe de formation de coalitions en vue de l’élection présidentielle prévue pour octobre 2025. Ce défi n’est pas nouveau, mais il demeure crucial pour espérer une alternance politique dans un système dominé depuis des décennies par un parti unique devenu hégémonique. Cependant, la réussite de cette entreprise dépendra largement de leur capacité à surmonter les rivalités internes, à élaborer un projet politique cohérent et à s’unir autour d’une vision partagée pour le pays.
I. Les Défis des Alliances Politiques au Cameroun
Depuis la restauration du multipartisme dans les années 1990, les tentatives de coalition des forces d’opposition au Cameroun ont été marquées par des échecs répétitifs, souvent dus à l’incapacité des leaders à faire des compromis sur les questions stratégiques. Par exemple, l’Union pour le Changement en 1992, qui avait soutenu la candidature de John Fru Ndi, s’est rapidement effondrée après l’élection présidentielle, révélant des divergences profondes entre ses membres. De même, la Coalition pour la Réconciliation et la Reconstruction Nationale, formée en 2004 autour d’Adamou Ndam Njoya, n’a pas pu résister à l’épreuve des ambitions personnelles et des intérêts divergents.
Les défis actuels sont similaires. À Yaoundé, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) de Cabral Libii peinent à s’accorder sur une stratégie commune. Alors que le MRC insiste sur l’importance de choisir un candidat unique pour représenter l’opposition, le PCRN privilégie une approche basée sur un programme politique fédérateur. Cette divergence illustre bien le dilemme central des coalitions politiques au Cameroun : faut-il se rassembler autour d’un leader charismatique ou autour d’une plateforme politique cohérente ?
II. Vers une Stratégie plus Efficace pour les Coalitions
Pour espérer renverser l’ordre politique établi, les partis d’opposition doivent tirer les leçons de ces échecs passés et adopter une approche plus stratégique. Plutôt que de simplement chercher à additionner les forces, ils devraient se concentrer sur la création d’une identité politique commune et sur la mobilisation d’une base électorale large et diversifiée. Cela implique de dépasser les rivalités personnelles et de privilégier une gouvernance collaborative fondée sur des principes démocratiques.
En outre, les partis doivent investir dans l’éducation civique et la sensibilisation des populations, notamment dans les zones rurales souvent exclues du débat politique. Ils doivent aussi développer des structures de campagne plus décentralisées pour rapprocher les citoyens des enjeux électoraux et renforcer leur participation.
III. Le Rôle des Leaders et de la Société Civile
Enfin, pour construire une coalition solide, les leaders politiques doivent démontrer une capacité à transcender leurs différences et à incarner une vision commune pour le pays. Ils doivent également établir des liens étroits avec la société civile, dont l’engagement est essentiel pour légitimer tout projet de coalition.
Conclusion
À cinq mois des élections, les chances de formation d’une coalition victorieuse restent faibles en l’absence d’une véritable dynamique unitaire. Pour réussir, l’opposition camerounaise doit non seulement surmonter ses divisions internes, mais aussi convaincre une population sceptique de sa capacité à gouverner de manière inclusive et démocratique. Cela nécessite une réévaluation des stratégies passées, une meilleure préparation organisationnelle et un engagement ferme en faveur de la transparence et de la responsabilité politique.
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